Souvenirs de guerre (2)

    Le jour où l'occupant quitta la ville

    Ce qui restait de l'armée allemande d'occupation évacua la ville, par le Route d'Uzès, en une pitoyable débandade, les officiers laissant derrière eux leurs hommes de troupe.

    Tout est bon pour fuir au plus vite : charrettes, vieux vélos, on verra même le brinquebalant corbillard de Lunel ! Françoise n'a qu'une crainte : que dans la panique générale on lui vole son vélo !

    Pour s'alléger dans leur fuite les soldats se débarrassent de leurs armes ; le fusil de l'un d'eux est retrouvé sous le cèdre de la maison Giran ! Non sans s'en être parfois servi une dernière fois comme pour ce trop curieux qui voulut savoir ce que toute cette pagaille signifiait et qui passa la tête au-dessus de sa clôture !

    Devant l'école primaire, un général harangua ses malheureuses troupes sur l'air de "courage, fuyons" ainsi qu'en témoigna un professeur d'allemand.

    Dans la journée, Thérèse, la grand-mère de Françoise, prise de pitié, prépara une soupe de pâtes dans une grande casserole rouge ("je la revois encore") pour ces pauvres diables affamés et débandés...