La garrigue nimoise

 

La garrigue

 

   "ON DONNE LE NOM DE GARRIGUE à la végétation constituée de la petite broussaille formée de buissons épars et de taches herbacées desséchées en été, qui couvre les terrains arides et plus ou moins rocailleux à sous-sol calcaire de la région méditeranéenne" selon Emmanuel de Martonne, un spécialiste de la question.  on reconnait là notre garrigue, ou plutôt ce qu'elle a été avant que l'urbanisation s'en empare et qu'on y plante des arbres ou qu'on les laisse pousser les arrosant au besoin. garrigue

   Citons un autre auteur qui en a eu une expérience plus existentielle : " La garrigue! ... Son seul aspect rebute la plupart des passants et, à vrai dire, elle ne semble pas vouloir les séduire. Elle est pierreuse et sans eau, tordue au soleil, torride l'été. Elle déchire les pieds de ses roches tranchantes, et de ses épines, car elle les prodigue ses épines; genêts épineux, ronces griffues, salsepareilles emmêlées comme des cheveux, chardons et panicauts hérissée,prunelliers, églantiers,  robiniers pareils à ceux qui couronnèrent le Christ, genévriers dressés comme des panoplies, portant des hameçons, des crochet, des épines...Et pourtant , elle a un charme étrange, cette terre stérile, elle plaît aux âmes rudes qui dédaignent les grâces...." dans Enchantement de l'aube ou la féérie nîmoise de Raoul STEPHAN (1941).

   Garrigue Mais à qui appartient-elle ?

      "L' an de l'incarnation du Seigneur mil cent quarante quatre , Louis (VII) étant roi, moi, Bernard Aton, vicomte de Nismes, je donne et concède à perpétuité au peuple de Nismes toutes les garriguesqui sont situées dans les limites qui vont de la Cheilone (Aérodrome de Courbessac) dans la vallée Aquiline (Vistrenque) jusqu'aux Rocs Cerveria, Estenzin,la Devèze de Vacquières, l'arche de Caveirac et le chemin appelé Pondres qui va de Caveirac à la Villa Sancta Cesari (Saint-Césaire)."

     En garrigue, nous sommes donc sur un vaste  bien communal (et indivis !!) où nous pouvons à loisir laisser paître nos bêtes  -et courtiser les bergères -!!

   Qu'en advint-il depuis cette lointaine époque ?

    Cependant cette garrigue si ingrate,..." les nîmois s'en accomodèrent très bien et au cours des siècles... les olivettes et les petites vignes se multiplièrent en dehors des murs de la ville. Les ouvriers et les bourgeois trouvèrent là un espace rural peu fertile mais qui, avec un peu de travail et de patience, pouvait se transformer en jardins produisant légumes et fruits...Et pour affirmer leur propriété sur des terrains communautaires , les nîmois d'alors se mirent à élever des murs de pierres sèches..." garrigue

   La garrigue fut donc exploitée autant que faire ce pouvait, par ses "masetiers"( voir par ailleurs) mais aussi par ces journaliers agricoles qu'on appelait les Rachalans. Ceux-ci , cultivant leur propre bout de champ s'ils en avaient un, soignaient aussi particulièrement ceux des autres occupés ailleurs. Ils possédaient pour inséparable compagnon de travail leur âne mais c'est un revenu bien maigre qu'ils tiraient de leur sueur.

   Mais les choses ont bien changé , n'est-ce pas, en quelques décennies ?